Un peu de botanique…pour cultiver notre biophilie
” Les plantes semblent avoir été semées avec profusion sur la terre comme les étoiles dans le ciel pour inviter l’homme par l’attrait du plaisir et de la curiosité à l’étude de la nature.”
” Brillantes fleurs, émail des prés, ombrages frais, ruisseaux, bosquets, verdure, venez purifier mon imagination ……Attiré par les riants objets qui m’entourent, je les considère, je les contemple, je les compare, j’apprends enfin à les classer, et me voilà tout d’un coup aussi botaniste qu’a besoin de l’être celui qui ne veut étudier la nature que pour trouver sans cesse de nouvelle raison de l’aimer.”
Dans Rêveries du promeneur solitaire, Rousseau décrit l’expérience de la biophilie bien avant sa conceptualisation scientifique formulée par E. O. Wilson. C’est dans la rencontre des plantes que s’expriment le plus profondément les bienfaits physiques, mentaux et sociaux de la biophilie. Depuis des milliers d’années nous avons tissé des liens très profonds avec les plantes. Et nous “vibrons” à leur rencontre : ce phénomène porte le nom de phyto-résonance. Par delà ses multiples effets physiologiques et mentaux la phyto-résonance permet un voyage à la source de la pure expérience de l’être. Ce dévoilement de la vie qui s’origine, s’exprime dans un mouvement de joie fondamentale, essentiel à la réalisation de la vie de chacun d’entre nous.
Ainsi faut-il éviter de se perdre dans la seule détermination botanique, ou ne voir les plantes que d’un point de vue utilitaire, médicinal ou comestible.
Se laisser surprendre par leur rencontre et prendre le temps de l’observation sans jugement, avant de prendre plaisir à les décrire et les nommer, reste la manière la plus sûre d’en partager les bienfaits.
En ce début de printemps morose et contraint, j’ai parcouru pour vous les pierriers des Rougières de la montagne de l’Audibergue. Dans ce désert de roches, la vie surgit partout, alentour et sous nos pieds.
Je ne pourrais vous faire entendre les sifflements répétés du chamois qui tente de nous repousser en dehors de ses terres, tout en s’éloignant prudemment.
Cependant je peux partager avec vous l’envol de l’âme sur les ailes des vautours planeurs.
Et sûrement vous étonner par l’effet de la rencontre d’une chenille, si émouvante dans sa solitude, si sensorielle, si esthétique….
Qu’elle vous remet les pieds sur terre et vous fait prendre conscience des extraordinaires possibilités de la vie.
Mais reprenons notre promenade dans l’ouvert, et attentif à l’effet de la rencontre des plantes du pierrier.
Dans cet univers arride chacune surprend par le déploiement de sa vitalité, modéré par l’équilibre de sa forme.
S’approcher, se pencher pour observer, poser un genou à terre, toucher, respirer, écouter… sentir la suspension du temps et la résonance, équilibrer notre paysage intérieur.
De nouveau lâcher prise, laisser s’envoler l’imagination.
Formuler enfin, les mots et les récits.
Ils nous permettront peut-être de nommer, d’organiser notre pensée…
Successivement déterminées : Helleborus foetidus, Hippocrepis comosa, Sedum anopetalum, Plantago sempervirens, Satureja montana, Helianthemum pilosum, Marrubium vulgare, Polygala calcarea (ou serpyllum?), Muscari neglecta, Euphorbia spinosa, Thymus vulgare, Iberis saxatilis, Orchis mascula….