Premiers plaisirs d’automne dans la garrigue et la forêt
Avant le flamboiement des couleurs et les émotions variées qui accompagnent cette saison, l’arrivée de l’automne dans la garrigue, c’est le retour bienfaisant de la pluie et le moment des récoltes et cueillettes.
La plus emblématique est certainement la cueillette des mûres.
Cette année la récolte est bonne!
Les prunelles sont très acres lorsqu’elles sont fraiches mais elles sèchent très bien et se conservent parfaitement. Elles prennent alors le goût du pruneau.
Il est encore trop tôt pour récolter les baies de l’églantier. Les cynorhodons seront prêts lorsque les premières gelées nocturnes auront assoupli leurs peaux.
En revanche c’est le moment de faire quelques réserves de baies de genièvre.
Ce sont les fruits d’un arbuste de la famille des conifères, donc les cônes du genévrier ou Juniperus communis.
Ne confondez pas le genévrier commun avec le genévrier cade.
La première année les fruits de l’un comme de l’autre sont verts
Il faut les différencier à l’aspect de leurs aiguilles.
Les aiguilles du genèvrier commun porte une seule trace blanche large et bien dessinée.
Les aiguilles du genévrier cade portent deux traces de ski blanches sur leur face supérieure.
Après le deuxième été, les baies se colorent, en bleu profond pour le genièvre et en marron orangé pour le cade.
Vous ne pourrez pas vous tromper s’il s’agit d’un genévrier de Phénicie.
Ses baies sont aussi marron terre de sienne virant à l’orangé. Cependant, il ne porte pas d’aiguilles piquantes mais des feuilles en écailles repliées sur les rameaux.
On ne récolte pas les baies du Juniperus phoenicea ni celle du Juniperus oxycedrus pour leur consommation en cuisine.
En revanche le bois du cade est très apprécié pour ses composés aromatiques et il est encore utilisé pour ses propriétés anti parasitaires à partir de ses goudrons.
Le retour des premières pluies à réveillé le thym que les fortes chaleurs avaient assoupi. Notez le contraste entre ses épis floraux désséchés et la vivacité robuste de son feuillage qui reprend son développement.
La sariette est restée pimpante tout l’été. Elle est chargée de fleurs blanches très mellifères depuis juillet et attire abeilles et papillons.
Durant l’été la sauge a ralenti sa croissance et concentré ses arômes dans ses feuilles. Le début de l’automne est la meilleure période pour sa récolte et son séchage.
Ne vous laissez pas influencer par l’aspect un peu triste des lavandes sauvages qui présentent des épis floraux vides et grisâtres.
Un seul d’entre eux froissé entre vos doigts, c’est tout un monde qui s’offre à votre imaginaire, tant leur puissance aromatique est intense en fin d’été.
Partout aussi, fleurit encore le calament. Très aromatique, d’un parfum soutenu un peu entêtant, il est parent de la menthe et de la mélisse. On peut cueillir à la fois ses tiges, ses feuilles et ses fleurs pour des tisanes digestives et carminatives.
Simplement pour le plaisir des yeux
“Colchiques dans les prés, c’est la fin de l’été…..”
Juste pour le plaisir des yeux, sous vos pas et souvent sur le sentier encore sec et tassé par la chaleur et les pas des promeneurs de l’été, deux bulbeuses en fleurs annoncent l’automne : les colchiques et les scilles
Voilà déjà un mois que les colchiques fleurissent dans la garrigue et dans les champs.
Ne les confondez pas avec les crocus sauvages… qui surgissent en plein hiver, dès la mi-février.
Ni avec les Crocus sativus, le safran. Lui aussi pointe son nez à la fin de l’été, surtout courant octobre mais c’est une plante cultivée chez nous. Il n’existe pas à l’état sauvage dans la garrigue.
Si les pistils de safran se récoltent comme épice, retenez bien que les colchiques et leurs pistils sont extrêmement toxiques.
Si vous prenez la peine, de laisser de coté vos ruminations mentales et restez attentifs à ce qui vous entoure au cours de vos promenades, vous ne passerez pas à coté de la délicate scille d’automne
Comme son nom l’indique, Prospero autumnale est à la fois discrète et très présente partout dans la garrigue à cette saison.
Arrêtez-vous et prenez le temps de l’observer. C’est un bijou de délicatesse et de douceur. Laissez-vous toucher par sa rencontre attentive.
Pour ma part, je suis toujours profondément revigorée par les couleurs et la belle architecture de l’odontite qui ensoleille la garrigue dès la mi-septembre.
Notez la belle complémentarité des couleurs avec l’aster.
Sentez et comprenez l’harmonie qui s’en dégage.
Plus loin, une annonce éclatante des flamboiements futurs de la saison.
Et toujours sous nos pas, dans l’herbe qui reprend vie, la floraison en tapis d’une délicate saxifrage d’automne.
A l’assaut des buissons et arbustes, les fascinants échevaux de la clématite sauvage
D’autres floraisons se font plus discrètes malgré leurs forts pouvoirs évocateurs
La morelle noire appartient à la famille des Solanacéae comme la tomate et les pommes de terre. Comme la belladone et le datura aussi. Les plantes de cette famille sont connues pour leur toxicité qui rend leur utilisation assez complexe…. Elles sécrètent des alcaloïdes pour se protéger des herbivores.
Avec le marrube, la morelle noire ont besoin d’ une terre riche en composés organique et dans la garrigue elles indiquent le passage répété des troupeaux de moutons qui se gardent bien de les consommer.
Le marrubium vulgare est une plante médicinale intéressante surtout comme fluidifiant, expectorant antitussif en cas de toux grasse. Cependant il vaut mieux éviter de le récolter dans ces zones de pâturages.
Le long du chemin notre attention est captée par des fruits rouges et luisants, pourtant toxiques. Laissons aux oiseaux, les baies du chèvrefeuille, ils s’en régaleront jusqu’en hiver.
Au bord du riou, plutôt à l’ombrage de la forêt, la menthe des bois est prolixe. Inutile cependant de récolter ses feuilles intensément parfumées. Vous n’obtiendrez qu’une tisane au goût de foin. Contentez vous de résonner avec l’atmosphère tranquille de son feuillage glauque et le doux coloris de ses épis floraux.
Dans la forêt, les chênes “blancs” sont encore bien vert. Ils présentent des gales produitent par des insectes qui “piquent” notre curiosité.
Sur leurs troncs, mousses et lichens ont repris vie avec la pluie.
Sur les rochers et sous nos pas, leur architecture, leurs textures et leurs couleurs fascinent.
Les fênes du hêtre de l’automne dernier ont germé et les jeunes pousses encore bien fragiles, n’ont que deux feuilles cet automne.
L’ alisier blanc se développe plus vite la première année
Pour le reconnaitre il faut observer l’envers de sa feuille, qui est blanc, et son bord dentelé.
En juillet la viorne avait formé des drupes coriaces et rouges.
Fin septembre elles se colorent d’un bleu profond
Le lierre débute une floraison très parfumée et les abeilles adorent ça.
Ne détruisez jamais le lierre qui est un simple compagnon des arbres ; c’est un réservoir de biodiversité et un refuge pour les insectes et les oiseaux tout au long de l’année.
Les Demi-deuil sont nombreux mais à courte vie et signent la fin de l’été.
Les champignons pointent le bout de leur nez sur le sentier
et dans la mousse
mais c’est une autre histoire…
“Observer, rencontrer, comprendre aimer et protéger la nature, c’est être humain”